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stèles dans un cimetière oublié du Québec en été

L’inventaire des cimetières de Sutton-suite et fin

Robert Larocque

Bioarchéologue

Dans La Veille , vol. 2 no 1 hiver 2014, nous faisions état de la première phase de l’ Inventaire des cimetières de la municipalité de Sutton. Cet inventaire s’inscrivait dans la foulée de l’adoption d’une politique sur l’entretien et la conservation de ces cimetières (La Veille, vol. 1 no 2, automne 2013). La société d’histoire Héritage Sutton vient tout juste de mettre un terme à la deuxième et dernière phase de cet inventaire. C’est ainsi que 12 lieux de sépulture ont été décrits, cartographiés et inventoriés systématiquement et complètement, alors que deux autres le furent partiellement. En tout, ce sont 727 pierres tombales qui ont été documentées. Pour chacune, une fiche descriptive a été remplie. Au total, 871 stèles différentes furent photographiées et plus de 1 700 photos ont été prises.

À notre connaissance, aucun inventaire semblable n’a été effectué au Québec. Certes, les pierres tombales de nombreux cimetières ont été répertoriées à l’initiative de municipalités ou de sociétés d’histoire locales, mais ces répertoires se limitent très généralement à une liste de défunts, de dates de naissance et de décès qui figurent sur les stèles. Il est à souhaiter que de véritables inventaires soient réalisés dans toutes les municipalités du Québec, en ciblant en priorité les cimetières dont l’intégrité est le plus menacée : ceux qui sont abandonnés ou dont l’entretien est négligé, et ceux qui se situent sur des propriétés privées.

Le corpus de données que nous avons constitué est considérable et d’une grande richesse. Sans même avoir procédé à une analyse de ces données, on perçoit déjà que chaque lieu a sa personnalité propre. Cette diversité n’est pas toujours innocente, elle cache souvent des intentions. Les dernières attentions que les vivants ont portées à leurs défunts s’expriment notamment dans les motifs, les pensées et les extraits de la bible inscrits sur les stèles, ainsi que dans leur forme, leurs dimensions et leur disposition les unes par rapport aux autres.

Enregistrer, et ainsi sauvegarder les informations contenues sur les pierres tombales est certes primordial, c’est même la première chose à faire. Mais ce n’est qu’une première étape. Cette entreprise resterait inachevée si nous en restions là. Chercher à comprendre la signification des motifs et des écritures inscrits dans la pierre, les gestes qui ont été posés, la décision qui a été prise d’aménager un cimetière à un certain endroit ou d’une certaine façon plutôt que d’une autre est une suite logique à cette collecte d’informations.

La prochaine étape consisterait donc à compiler les données de terrain de manière à faire ressortir la spécificité de chaque cimetière ou à identifier des différences entre confessions religieuses. Mais si on souhaite accéder à l’essence des rapports que les communautés du passé entretenaient avec la mort et leurs morts, il est nécessaire de situer les ces leiux dans le contexte socioéconomique des époques concernées. Une analyse des données de terrain doit donc se doubler d’une étude des conditions et des modes de vie des habitants de Sutton autrefois. Vaste entreprise, certes, mais qui en vaut assurément la peine.

Sur un plan plus pratique, la remise en état de nombreuses stèles est requise. Si certaines ne demandent qu’à être redressées et stabilisées, d’autres nécessitent des réparations majeures. De plus, certains cimetières ont besoin d’être mieux entretenus, sinon la végétation risque d’envahir des pierres tombales.

Le travail de mise en valeur d’un cimetière ne se limite pas à un inventaire des lieux, si exhaustif soit-il, toutefois il en constitue la pierre angulaire. Si rien d’autre ne devait être entrepris, cet inventaire demeurerait, malgré tout, une source documentaire précieuse parce qu’il gardera la trace de chacun de ces témoins de pierre, de fer ou de bois qui, exposé aux intempéries, continue de vieillir et risque à tout moment de disparaître. Ceux de Sutton auront meilleure mémoire.

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Le rapport de la phase II sera bientôt disponible sur le site Internet de la Ville de Sutton. Vous pouvez consulter celui de la phase I en cliquant sur rapport cimetières _ phase 1.

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